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2013-06-22

Communiqué
des Patriarcats d’Antioche et de tout l’Orient


de l’Eglise grec orthodoxe et l’Eglise syriaque orthodoxe

A l’occasion d’une prière commune
au monastère de Notre-Dame de Balamand.

au sujet de la libération de leurs Eminences les évêques Paul et Jean
et de toutes les personnes enlevées.

le samedi 22 juin 2013


Texte du communiqué

« Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes
afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre père qui est dans les cieux »

   Nous nous réunissons aujourd’hui pour prier ensemble pour nos frères, leurs Eminences le métropolite Paul et le métropolite Jean. Deux mois sont passés depuis leur enlèvement sans aucune nouvelle certaine les concernant malgré tous les efforts déployés. Nous offrons nos prières également pour tous ceux qui sont enlevés, ainsi que pour leurs familles qui attendent leurs nouvelles et leur libération.

A nos chers frères, les évêques Paul et Jean,

   Vous êtes notre fierté. Nous sommes très fiers de vous et glorifions votre combat dont l’écho est monté jusqu’au ciel. Nous nous prosternons avec respect devant votre vie qui est un signe du sacrifice continuel de soi parmi nous. Tous les deux, vous avez œuvré pour la vérité, pour la vie et pour l’amour fraternel. L’un enseignait à ses paroissiens par la parole et par les actes, ainsi : « Allons prier dans l’église ! S’il faut mourir, autant mourir dans l’église pendant qu’on prie ; cela vaut mieux que de mourir protégé chez soi ». L’autre disait : « Comment pourrais-je abandonner mon frère dans la souffrance et rester dans le silence ? Peu importe si je dois être en danger ; le plus important c’est d’offrir à mon frère la consolation et le repos ! »

   Vous avez donné la sueur de la prière pure et humble et le sang de l’amour véritable. Vous avez enseigné l’esprit du sacrifice et du service à chaque être humain, comme vous étiez fidèles dans la foi et dans l’engagement envers les enfants de vos paroisses et de votre pays. Vous avez également su traverser les évènements douloureux, armés de la foi, de la sagesse et d’une générosité incomparable. Les anges se prosternent certainement devant le Trône divin glorifiant votre pur et lumineux témoignage.

   Votre silence absolu a brisé les murs des cieux, et vos prières nous apportent de multiples bénédictions. Car malgré la peine qui nous remplit les cœurs à votre attente depuis deux mois, nous savons au plus profond de nos cœurs que votre fermeté demeure intacte, et que Celui qui est descendu aux enfers libérant les morts, Lui-même, vous soutient dans le combat invisible que vous menez loin de la vision de la Création. Nous sentons également l’action de vos bénédictions, laquelle fortifie notre solidarité et raffermit en nous la force de l’âme, l’espérance et la patience. Très nombreux sont ceux de par le monde qui nous rejoignent dans ce grand combat spirituel jusqu’au moment où la délivrance arrivera, très prochainement, nous l’espérons vivement.

A nos chers enfants à Alep,

   Vous êtes notre cœur battant d’amour pour vos deux bergers bien-aimés. Nous admirons votre résilience quotidienne, votre prière du cœur et votre espérance sans pareil malgré les circonstances critiques actuelles. Si la patience de certains s’affaiblit, votre soutien demeure l’Esprit Consolateur, que nous prions de descendre sur nous demain au jour béni de la Pentecôte. Le Bon Pasteur nous a adoptés, Celui qui S’est sacrifié pour ses bien-aimés, en tout lieu et à toute époque. Lui, Il ne nous laisse jamais orphelins ni privés de nos enfants. Il nous donne la force de croire en Lui. Etant notre entraîneur dans notre combat, Il assure notre salut, prend soin de nos affaires et guide notre vie dans ces temps difficiles jusqu’au refuge paisible, jusqu’à l’espérance solide et jusqu’à la certitude véritable.

   Nos efforts ne se sont point affaiblis et ne s’affaibliront jamais par la volonté de Dieu et Son aide. Nous sommes fortifiés par la Foi et par la promesse de Dieu : celui qui met son espérance en Lui, ne sera jamais déçu. Et si « nous avons été livrés en spectacle au monde, aux anges et aux hommes », car « la mort fait son œuvre en nous… », l’œuvre de Dieu est pourtant de créer par cette mort une vie, et de faire éclater par ce silence absolu une gloire qu’il a offerte à ses bien-aimés à travers Son Fils bien-aimé. Ainsi donc, avons-nous confiance en la puissance de Dieu et en Sa sagesse, et c’est cette confiance-ci qui fait des miracles chez ceux qui portent en eux le Bien et la Foi, puisque notre Seigneur Jésus Christ a dit : « Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux ». Cette gloire est donnée à tous ceux qui prient pour les deux évêques et pour toute personne qui partage avec eux les chaînes de leur enlèvement inique.

A nos concitoyens, les fils de la Syrie,

   Vous êtes nos poumons par lesquels nous respirons l’air de la vie commune, des valeurs véritables, de l’histoire et du destin. Ensemble nous étions, comme nous le sommes aujourd’hui et le resterons demain, les bâtisseurs d’une civilisation et d’une vie dans un esprit de liberté, de solidarité et de fidélité : des valeurs que nous avons héritées de nos pères et sur lesquelles nous élevons nos enfants. Nous sommes chagrinés par les ravages et la désolation où se trouve notre pays à présent. Notre existence doit être le témoignage d’une vie, d’une coexistence, d’une rencontre, d’une solidarité et d’un engagement que nous voulons qu’il reste vivant, effectif et durable.

   Que la croyance en un seul Dieu soit l’unique invitation et l’unique base pour l’union et non pas pour la division ; pour une solution et non pas pour faire durer la crise ; pour la paix et non pas pour l’affrontement ; pour la vie et non pas pour la mort. Elevons parmi nous la voix de la justice et de la vérité plus que la voix de l’injustice et du mensonge. Est-ce qu’on peut ignorer la voix de la conscience qui est la voix de Dieu ? La conscience est-elle simplement un objet exposé au musée de l’Histoire ? Ne reste-t-il rien de la valeur de l’être humain pour qu’il mérite encore le sacrifice le plus cher pour le sauver ? Pourquoi donc cette assiduité dans la négation du droit de l’homme à la vie ?  Est-il nécessaire de détruire la vie de l’être humain pour le droit de la vie en lui-même ?

   Nous demandons à tous de se repentir et de se tourner vers Dieu, par les actes et non par les paroles, en se livrant totalement à Ses mains. Nous sommes des martyrs avec vous et pour vous. Mais laissez à notre témoignage son véritable sens, et non pas le sens indécent. Les chiffres que les journaux diffusent et les photographies que les médias présentent ne font qu’inciter à plus de sang, plus de destruction, plus de mort.

A nos frères du Levant arabe,

   Vous êtes notre corps que nous avons construit ensemble. Nous nous réjouissons de sa croissance et nous souffrons à ses douleurs.  Ce corps, en ses communautés, ses religions et ses pays, est sacré. Nous le servons et nous prenons soin de lui comme le faisaient nos chers frères les évêques Paul et Jean. Nous sommes reconnaissants à nos frères chrétiens et musulmans pour leur solidarité qui s’est manifestée notamment lors de l’enlèvement des deux prélats. Nous leur sommes reconnaissants pour l’immense inquiétude qu’ils ont exprimée et qu’ils continuent à exprimer face au silence qui enveloppe le sort des deux clergés. Il est aujourd’hui un combat plus grand encore : celui de protéger et de sauvegarder la sainteté de ce corps unique. Nous exprimerons cela tout en unissant tous les moyens et déployant tous les efforts pour la libération des évêques Paul et Jean.

A nos frères dans l’humanité,

   Vous êtes nos mains que nous voulons que vous continuez à lever vers le ciel dans une prière pour nous. Nous vous remercions de l’outrage que vous avez exprimer devant l’enlèvement des deux évêques et le silence absolu concernant leur sort et le sort des nombreuses autres personnes enlevées. Nous voulons serrer vos mains blanches qui envoient les aides humanitaires, soignent les blessures, répandent le bien et mobilisent les volontés pour établir la paix. Mais nous ne voulons que cela soit abusé pour faire le mal et commettre l’odieux, l’illicite et tout ce que la conscience, le droit et la justice interdisent.

   Nous vous remercions de tout cœur pour votre soutien pendant cette épreuve. Nous demandons l’aide de vos gouvernements des pays proches ou lointains, et notamment ceux concernés directement, afin d’œuvrer pour le bien, la paix et la sécurité. Nous apprécions les efforts des Etats et des agences de sécurité qui cherchent à obtenir des nouvelles des évêques. Toutefois, nous marquons notre étonnement : Est-ce qu’ils sont à ce point incapables au sujet des deux évêques ? Nous croyons que leur sort, dès le début jusqu’à la fin, est entre les mains de Dieu Tout-Puissant. Toutefois, cela n’enlève rien à la responsabilité de tous de faire aboutir la vérité et libérer les enlevés dans le plus bref délai.

A ceux qui sont de bonne volonté,

   Vous êtes nos oreilles qui écoutent et ne sont pas sourds à la justice et à la vérité. Nous vous adressons nos appels et nos prières pour que vous sacrifiiez le possible et l’impossible pour la protection de l’être humain où qu’il soit, et particulièrement de ceux qui se donnent au service de l’être humain. Nous condamnons et interdisons l’enlèvement, et adressons un appel et une prière aux ravisseurs de nos chers frères les évêques Paul et Jean, en leur disant : C’est une bénédiction pour vous d’être sous leurs ailes, mais ne gardez pas cette bénédiction uniquement pour vous. Soyez généreux et partagez-la avec nous de nouveau. C’est plus profitable pour nous tous, et Dieu est Clément et Miséricordieux.

A notre Seigneur et Dieu,

   Tu es notre Vie et notre Créateur. Comment pouvons-nous Te récompenser de tout ce que Tu nous as offert ? Nous acceptons la coupe de la délivrance et au nom de Dieu nous prions, comme nous a appris le prophète David. Notre Messie, devant la coupe de la souffrance, a prié son père afin qu’Il Le sauve, mais ensuite Il a prié à nouveau, en disant : « Que Ta volonté soit faite et non pas la mienne ». Mais si Toi, Tu veux que nous puissions entendre l’enseignement de ces paroles par l’expérience que nous vivons aujourd’hui, nous nous approchons en nous prosternant devant le Trône glorieux, humblement et avec crainte : Pour nos chers frères les évêques Paul et Jean, nous Te demandons leur retour de « cette mission ecclésiastique silencieuse » indemnes de tout mal, témoignant de la justice et glorifiant Ton nom. Pour nos enfants en notre chère Syrie, nous Te demandons d’inspirer la paix à tous les responsables. Pour le Liban, nous Te demandons la protection, la paix, et la préservation de la vie commune. Pour nous, nous Te demandons la force en la Foi, l’espérance, l’amour, la patience et la sagesse, afin que nous restions Tes fidèles et que Tu restes notre Sauveur.

   Nous prierons Ton Nom à tout moment, Toi le Créateur de tout, la Lumière des cieux et de la terre. Viens et sauve-nous !


Le patriarche Mar Ignace Zaka I (Iouas)    Le Patriarche Jean X (Yazigi)